Le manipulateur pervers narcissique et son effondrement…

Mais que lui arrive-t-il ? Quelle mouche l’a piqué ? Ses yeux sont encore plus noirs qu’avant, son discours devient incompréhensible, incohérent, qu’y répondre ? Son ton est encore plus agressif, hautain, méprisant. Ses sautes d’humeur sont plus pénibles voire inquiétantes…

L’ambiance s’est dégradée, le manipulateur pervers narcissique (pn, homme ou femme) semble affolé. Quelque chose a sévèrement perturbé son esprit, manifestement. Lui qui se croyait si malin, si fort, s’est effondré, semble-t-il. Quelque chose l’a vaincu.

Le pn n’était pas invincible. Sa vulnérabilité qu’il ne voulait pas voir, pas montrer, a été mise à mal. Son ego aussi. Voilà donc ce que cachait son comportement qu’on aurait qualifié de dépressif depuis un moment. Il ruminait. Il sortait rarement, rasait les murs… Pourquoi ? Il se débattait contre l’insupportable pour lui : sa déchéance. Toute relative mais capitale pour quelqu’un de si fragile. Ce retrait était intrigant, mais on n’allait pas se plaindre de moins le voir !

Cela cachait une réalité : son profond désarroi. Difficile d’y comprendre quelque chose car son discours est délirant, décousu, surréaliste. Le mot « folie » nous est venu à l’esprit…

Quand on cherche à se renseigner sur internet, on trouve cette explication : « Les pn peuvent connaître ce que l’on appelle un effondrement narcissique lorsque leur estime de soi est menacée ou endommagée. Cela peut provoquer plusieurs réactions, notamment le repli sur soi, les explosions émotionnelles et l’agressivité. »

La vulnérabilité du pn a été touchée de plein fouet, son orgueil a été pincé. Le pn est pris au dépourvu, l’illusion de sa valeur s’évapore, il ne peut plus se cacher. Son comportement inadéquat, incompétent, décevant, fautif ou saugrenu, inspirant de la méfiance, de la colère, de l’effarement, de l’incompréhension, a été exposé de façon imprévue, inattendue, possiblement par quelqu’un qui détient une position d’autorité. Quelqu’un s’est placé au-dessus de lui et l’a rabaissé, attaqué sur sa personnalité. Le pn ne possédant pas tous les codes, n’étant pas comme les autres, a pu se trahir lui-même d’ailleurs. Lui qui se plaît à invalider les autres l’est maintenant à son tour. Il ne peut pas l’accepter. Il faut qu’il retourne son inconfort contre quelqu’un d’autre, qu’il l’en rende responsable. [Pour le présent article, retenons cette hypothèse qu’on mettra du temps à comprendre, car le pn ne va pas se confier. Cela pourrait aussi venir par exemple d’un rejet, d’un échec ou d’un deuil : sa proie l’a quitté, son entreprise périclite ou bien sa personne ressource est décédée…]

Le pn doit rebondir, cette atteinte à l’image idéale qu’il s’était forgée est une plaie à vif. Il souffre. Il a peur. Il est en état de choc. Il est en colère. Il perd pied. Il doit retrouver le contrôle.

Il ne peut pas endosser de responsabilité, de tort, de faute. Le mauvais objet, ce sera l’autre, ou les autres. Il va partir dans un délire pour se poser en victime, inventer une histoire rocambolesque avec des méchants qui lui veulent du mal, qui le poursuivent. Et le pire, c’est qu’il y croit dur comme fer, il l’intègre mentalement comme la vérité absolue. Il peut même nous (sa famille) y incriminer, nous soupçonner de jouer un rôle dans l’affaire, d’être un rouage. Il met tout le monde dans le même sac. ON lui veut du mal, ON le surveille, ON pirate sa boîte mail, ON complote contre lui, ON lui envoie des sbires. ON est des menteurs, ON est complices. Il se retourne contre ceux qui lui étaient proches, contre ceux qui l’ont offensé. Il les accuse de tous ses échecs, de tous ses tourments, car oui, il est tourmenté. Il se sent persécuté. Et le comble, c’est le refus de la police d’enregistrer sa plainte abracadabrante au sujet de choses auxquelles il croit vraiment. Et hop, la police est pourrie aussi, bien sûr !

Quand le pn se raconte cette histoire suffisamment longtemps, elle devient vérité. Il ne va pas se rendre compte de certains aspects complètement aberrants. Il peut aussi revisiter certains épisodes du passé. De certains faits, il se construit une réalité imaginaire par le prisme de son mode de pensée dysfonctionnel. Il accuse les autres au lieu d’admettre sa responsabilité. Il refuse d’accepter sa vulnérabilité, de se remettre en question, de faire preuve d’humilité, d’être un humain faillible, lui qui se sentait parfait, supérieur. La critique, le reproche, est insupportable pour lui, c’est une blessure d’ego, d’où sa véhémence dans son discours. Il ne peut pas reconnaître qu’il a apparemment fait quelque chose qu’on peut lui reprocher et il se retrouve seul contre tous ceux qu’il pense ses ennemis. Or, nous avons déjà évoqué qu’un pn interprète, rumine, monte les faits en épingle, a des mauvaises pensées sur les gens dès qu’il y a une divergence. Dans sa tête, ses hypothèses deviennent preuves.

Les personnes qui ont mis en cause le pn, sûrement à raison, qui l’ont disqualifié, ne savaient pas à qui elles avaient affaire : quelqu’un de fragile, d’orgueilleux. Elles n’ont pas deviné l’effet de tsunami que cela allait produire sur l’esprit de celui qui se trouvait en face d’elles.

Le pire, c’est certainement que le pn effondré se croit transparent, tout le monde voit à travers lui ce qu’on lui a reproché, ce qu’on a osé lui faire remarquer, l’étiquette qu’on lui a posée. Tout le monde sait, tout le monde le regarde. Et il en est mortifié. Une vraie torture mentale fabriquée par son propre esprit, au-delà de toute raison. Il est paranoïaque. Seule l'aide d'un psychothérapeute compétent pourrait le sauver, mais il est à craindre qu'il la refuse : il nie le problème et il ne fait pas confiance.

J’ai rédigé cet article par rapport à une expérience personnelle difficile. Je crois que « l’effondrement du pn » explique toute l’histoire que je vis actuellement depuis plusieurs mois. À force d’entendre répétée la version délirante mais avec des détails supplémentaires, j’ai repéré des pièces de puzzle que j'ai fini par assembler. J’ai identifié le problème, je pense. Ce qui m’a motivée pour le partage sur mon blog de ma découverte, c’est que j’ai trouvé les mêmes exemples de délires auxquelles je suis confrontée dans une vidéo YouTube sur l’effondrement du pn (par Antoine Peytavin) : accusations de piratage de boîte-mail, de complot, de mensonges, de complicité, de sbires, d’espionnage, même l’histoire de la plainte à la police !

Peut-être que certains d’entre vous ont connu une telle situation ? Identifier un problème le rend moins lourd à porter, il me semble.