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Création de bijoux avec des gemmes naturelles, et du verre d'art filé au chalumeau - Les pervers narcissiques : découverte en détail et en profondeur de leur mode de fonctionnement délétère, comment y faire face, comment s'en libérer, comment en guérir et comment se reconstruire. Développement personnel. Sagesses, d'où qu'elles viennent... Réflexions éducatives. Blog féminin par excellence, mais pas que...

Le besoin de se rassurer : oui, c’est bien un manipulateur pervers narcissique !

Le doute ! C’est un aspect qui m’a été évoqué récemment par une de mes fidèles lectrices, que je remercie, j’avais presque oublié ce que j’avais moi-même vécu lors de ma découverte de la perversion narcissique… Cela m’a interpellée, parce que si c’est loin pour moi (2015), c’est un passage que toutes les victimes traversent quand elles émergent du brouillard dans lequel elles évoluaient. Et je n’y ai pas échappé.

Cet article est l’occasion pour moi de me remémorer comment j’ai vécu cet épisode. Je crois que pour toutes les proies qui n’identifient pas clairement ce dans quoi elles sont, et l’imaginent encore moins, il y a l’intervention d’un tiers (livre, émission, magazine, discussion…). Il faut aussi que la victime soit prête à être éveillée et à croire l’incroyable. Il faut avoir l’humilité d’accepter qu’on a été aveuglé, dupé, utilisé, et qu’on a « nourri » un parasite d’une manière ou d’une autre. Qu’on s’est laissé faire le plus souvent. De gré ou de force.

Pour ma part, j’avais été amenée en 2015 à rédiger un témoignage destiné au juge aux affaires familiales et quand je le relis maintenant, je constate que j’avais sans le savoir pratiquement dressé le portrait type d’un manipulateur pervers narcissique (pn). Je l’ai fait lire à ma fille et elle m’a dit que ça lui rappelait une émission télévisée qu’elle avait vue. Le soir même elle m’a envoyé le lien vers le fameux questionnaire en trente points. Je les ai presque tous cochés. J’ai été ébahie. Ce fut le point de départ d’une longue quête que je poursuis encore aujourd’hui car il me faut comprendre.

On a du mal à y croire tellement c’est extravagant, on pensait avoir eu affaire à quelqu’un avec des défauts dérangeants, avec un mauvais caractère, entêté, injuste, profiteur, menteur, illogique, détestable même… Mais on n’avait pas imaginé qu’il s’agissait d’un fonctionnement structurel commun à bon nombre de personnes face à des victimes qui ont connu la même souffrance que nous, pire parfois.

Après ce « flash » en pleine figure, vient le doute dans l’esprit de la victime : « Ai-je bien vu, compris, analysé ce que j’ai vécu ? Ne suis-je pas paranoïaque, injuste, fou/folle ? Cette horreur (la perversion narcissique) existe-t-elle vraiment ? Est-ce bien de cela dont il s’agit dans mon cas ? N’ai-je pas rêvé ? Mal interprété ? Suis-je objective ? Est-ce que je ne me laisse pas aveugler par le ressentiment ? Est-ce que je n’exagère pas ce que j’ai vécu ? Est-ce que je ne grossis pas les choses ? Était-ce si grave ? ».

D’abord écœurée, puis rassurée de pouvoir mettre un nom sur ce qui a si fortement impacté et gâché sa vie, de découvrir que c’est descriptible, et de manière stupéfiante de ne pas être la seule personne à qui c’est arrivé, la victime peut avoir dans un premier temps une réaction physique, un phénomène d’expulsion, comme si son corps se nettoyait. Puis elle sera pendant longtemps assaillie par les doutes évoqués ci-dessus. Tous les jours tout d’abord, elle craint de se tromper, d’être injuste, d’accuser à tort. Son esprit fait des va-et-vient entre doute et certitude. Car l’impression est très forte que l’individu identifié pn a renoncé à ce qui aurait dû faire son humanité, ce qui est grave. Il est loin de la vie sociale saine qui semble aller de soi pour tout un chacun. Sa vie a baigné dans les arrière-pensées nauséabondes inavouées, l’intéressement personnel, l’hypocrisie, la sournoiserie, l’amoralité et le sans-gêne envers certains…

La victime revient encore et encore sur la description du trouble pour se prouver qu’elle ne s’est pas trompée. Un peu aussi comme un animal qui lèche ses plaies… cela fait du bien dans un sens. Elle va recommencer à cocher les cases du dysfonctionnement d’un pn pour vérifier, pour se rassurer. Car il y a dans la balance une autre face du pn, celle qui plaît aux inconscients de sa nocivité. Qui a raison ?

Puis elle va vouloir comprendre davantage pourquoi et comment c’est arrivé. Il y a une période où elle se trouve entre rêve et réalité, dans une confusion comme lorsqu’on vient de se réveiller. Il faut chaque jour remettre ses idées en place et actualiser sa nouvelle situation selon les données qu’elle va collecter quand elle va chercher à se renseigner. Elle va faire des découvertes phénoménales qui vont modifier ses certitudes et parfois même ses rapports aux autres. Car si on a un pn dans son entourage, il se peut qu’il y en ait d’autres… Elle va commencer à s’apercevoir qu’elle a été trop gentille, trop tolérante, trop patiente, qu’elle s’est bien fait avoir. La colère arrive, contre soi-même d’abord, puis contre celui qui nous a fait si mal. Et à ses enfants aussi.

La perversion narcissique est un mode de dysfonctionnement effarant, révoltant, source de tant de souffrance que la victime a affronté parfois dès l’enfance. Elle peut être née dans un « panier de crabes », car parfois, c’est toute une partie de la famille qui dysfonctionne, elle peut avoir eu un parent pn qui n’était pas un vrai parent. Pas un vrai père, pas une vraie mère, ce qui est encore plus douloureux. Un parent pn agit à contre-emploi de cette fonction. Cela ne saute pas toujours aux yeux vu qu’il détient l’autorité. Il peut sembler agir dans le même sens qu’un bon parent même s’il n’a pas les mêmes raisons de le faire, il peut y avoir confusion. Par exemple, le parent pn peut interdire une activité à son enfant pour raison de sécurité, alors qu’il veut simplement l’en empêcher par égoïsme, par sectarisme, par paranoïa, par mauvaise pensée… On ne sait jamais ce qui traverse le cerveau d’un pn.

Comprendre ce que son parent pn lui a fait subir dans toute sa réalité, sera une révélation aussi forte qu’un tsunami pour l’enfant devenu adulte. Il n’a pas reçu d’amour. Il a participé à son amusement, à son obsession du pouvoir…

Il faut du temps pour prendre pleinement conscience de l’ampleur de la supercherie, pour suivre le cheminement tortueux de l’esprit d’un pn et de sa stratégie pour faire bonne impression, pour se faire aider, pour avoir des alliés en public et pour se faire obéir, pour tyranniser, pour briser en privé grâce à sa langue acérée.

Cette double face déroutante incite notre cerveau à devoir vérifier que nous ne nous trompons pas. Nous avons l’impression de recommencer à la case départ comme au jeu de l’Oie, notamment quand le pn montre un bon côté ou un repentir (même si ce n’est pas sincère). Il a l’art de tromper, ce qui nous oblige à réactualiser notre jugement, nous avons besoin de certitude pour garder le cap vers une mise à distance et vers un rétablissement de notre équilibre mental.

Cela prend du temps tellement ce trouble est indigeste, insupportable et inimaginable et défie l’entendement de toute personne sensée qui en est victime. C’est un point d’honneur pour elle de ne pas être injuste alors qu’elle a subi l’injustice. De ne pas être orgueilleuse envers celui qui ne s’en est pourtant pas privé. Elle veut la paix, c’est tout.

 

Ah zut ! J'ai tout perdu !

 

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C
Magnifique ! Comme toujours, ta plume lumineuse met du miel sur nos blessures ! Tu l'as vécu, tu sais le décrire, tu l'analyses avec finesse, c'est un vrai bonheur de te lire.
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Merci infiniment Claire pour ce nouveau commentaire encourageant et rassurant sur la justesse de ce que j'avance dans mes articles...