12 Janvier 2020
Il arrive que les manipulateurs pervers narcissiques (pn), peut-être pas forcément tous, quand ils sentent qu’ils ont été trop loin, quand ils sentent que leur victime s’essouffle, en viennent à demander pardon, à s’excuser. Notre plus grosse erreur sera, en êtres généreux, d’accepter leur repentance apparente, leur contrition fallacieuse… L’excès de gentillesse est dangereux, mais à ce moment-là, nous ne l’avons pas encore compris ! Et à notre décharge, les pn sont très doués pour les belles paroles…
Allez, « Pouce ! », Joker ! On efface l’ardoise, on remet les compteurs à zéro ! C’est ce que veut schématiquement le pn. Il veut continuer la partie. C’est comme s’il remet son jouet en état de marche !
Cette demande de pardon, en vérité très superficielle, semble pourtant la reconnaissance implicite, la preuve, que le pn sait qu’il fait du mal. Il le sait, mais il n’en est absolument pas désolé pour nous, en vérité, ni contrit. Comment pourrait-il l’être alors qu’il a atteint son propre but à notre détriment ? Il nous joue la comédie, il veut juste qu’on continue à participer à son jeu dans lequel nous sommes dupes, qu’on continue à remplir notre fonction de souffre-douleur, de bouc-émissaire. Nous avons alors le tort de le penser sincère. D’autant plus qu’il mime très bien le remord, la tristesse, pour toucher notre empathie. Il sait nous émouvoir…
Nous pouvons constater aussi que le pn ne faute pas qu’une seule fois de la même façon, non ! Il recommence tout le temps, il ne montre aucune volonté de se corriger, alors qu’une personne dite « normale », sensée, quand elle commet une erreur, tend à essayer de ne pas la reproduire… et si elle échoue, elle s’en veut. Ce qui n'est pas le cas du pn.
Nous sommes tous faillibles, et c’est la pleine conscience de notre faillibilité qui nous pousse à pardonner au pn, car nous aimons qu’on nous pardonne à nous aussi… Reconnaître notre imperfection personnelle nous entraîne à tolérer celle du pn, sauf que nous n’avons pas alors l’intuition de la profondeur du gouffre qui nous sépare de lui.
On peut être émotionnellement touchés par ce repentir, car au fond, on n’attend que ça, que notre souffrance soit reconnue. Et notre cœur à ce moment-là est souvent triste, il peut se rattacher à l’espoir que cette apparente prise de conscience du pn peut susciter. Le pn peut même pratiquer « l'autoflagellation », reconnaître qu’il est pitoyable, avouer qu’il nous a fait du mal, qu’il a tout gâché, il va s’accuser pour une fois ! Une fois n’étant justement pas coutume, on peut penser qu’il est sérieux. Alors que dans l’esprit d’un pn, il s’agit juste de formules, parfois emphatiques, censées toucher notre cœur. Peut-être s’agit-il même de formules copiées d’un film, d’un livre, d’internet ?
Le pn nous dit qu’il comprend qu’on lui en veuille (il nous endort), qu’il nous laisse libre de prendre notre décision (il veut qu’on revienne de nous-mêmes dans l’emprise), que nous sommes de bonnes personnes, qu’il se rend compte de notre valeur (flatterie), qu’il ne veut plus jamais qu’on se déchire (mensonge), et qu’il sera triste et déçu si nous rompons (chantage affectif). On se pense enfin reconnus, considérés, respectés… mais ce n’est que du vent, c’est un test comme l’hameçon qui file sous l’eau pour essayer de piéger le poisson ! Allons-nous y mordre ? Peut-on croire que cette personne qui nous dénigrait à longueur de journée, qui nous torturait, a changé du tout au tout ? Ce serait très aventureux de le croire…
Combien de fois lui avons-nous déjà pardonné ? Si jamais cette fois-ci, on dit au pn qu’on refuse de lui pardonner à nouveau, de l'excuser, après qu'il ait échoué à nous faire « fondre », voilà ce qu’il va nous asséner en dernier recours, de la colère, du dépit : « Tu es méchant(e) ! Tu as l'âme noire ! Tu es rancunier(ère). ». Et on se sent mal ! Sous le coup de l'émotion, on peut même ne pas se rendre compte que le processus habituel de culpabilisation du pn se retrouve déjà dans ces accusations, à peine après nous avoir tenu des propos mielleux et élogieux, les contredisant, les révélant juste un vernis trompeur ! Le pn nous manipule en voulant nous créer l’obligation morale d’accéder à sa demande de pardon, pourtant insincère, dans le seul but de nous récupérer. Et tant que nous n’aurons pas compris cette insincérité, cette duperie, nous nous sentirons un devoir humain envers le pn, le pardon étant hautement valorisé. C’est ce qui nous trompe : le pn veut juste nous culpabiliser pour nous faire baisser notre garde, il veut nous entourlouper pour mieux poursuivre son œuvre destructrice.
La miséricorde, oui, mais elle doit avoir des limites, tout comme la gentillesse. Ne nous laissons pas abuser par la suggestion du pn comme quoi nous sommes des mauvaises personnes du fait de ne pas (ou de ne plus) accepter de lui pardonner et de ne plus vouloir le côtoyer. Ce n’est que de la haine, du dépit de sa part. Cette accusation est son coup de poignard final !